Ne vous fiez pas à la couverture colorée du treizième roman de Salman Rushdie, ce n’est pas un roman joyeux. Né en Inde, l’auteur érudit des « Versets Sataniques » vient d’adopter la nationalité américaine. La fiction, dont le thème central est celui de l’identité, se déroule à New York. Notre narrateur est un jeune homme belge (!), René Unterlinden, qui souhaite devenir cinéaste. Habitant de Greenwich Village, René fait la connaissance de ses nouveaux voisins indiens : un millionnaire énigmatique prénommé Néron et ses fils Apu, Petya ainsi que Dionysos; la famille Golden. René va peu à peu découvrir pourquoi cette famille a subitement quitté l’Inde et qui est le patriarche. Malheureusement, en se rapprochant de la famille Golden, René va tomber dans le piège tendu par la nouvelle femme de Néron; une femme venimeuse, manipulatrice et vénale. L’intrigue est passionnante mais la lectrice se trouve constamment confrontée à l’actualité, aux pensées de René et à toutes sortes de références cinématographiques, littéraires, historiques et mythologiques. Si vous n’avez pas lu l’équivalent d’une bibliothèque de quartier (et ses dictionnaires), la lecture pourrait s’avérer compliquée. Cependant, ce roman, en lien avec la tragédie grecque, s’intéresse à la question du mal dans un style à la fois drôle, ironique et tragique. Peut-on être quelqu’un de bien et trahir ? Un roman à suspense qui questionne l’Amérique d’aujourd’hui. Bon moment de lecture.