Quand votre mère a envahi votre enfance, il reste des traces indélébiles. Dans ce premier roman autobiographique, Violaine Huisman raconte la difficulté à se construire face à une mère diagnostiquée tardivement « bipolaire ». Danseuse au corps splendide, amoureuse, hystérique, manipulatrice, excessive…Catherine, la mère, a vécu une vie de désillusions. La première partie du roman livre le point de vue d’une petite fille de dix ans, Violaine, enchaînée dans un carcan affectif. La lectrice passe du rire aux larmes en découvrant la vie rocambolesque de cette mère fantasque, débordante d’amour pour ses deux filles. Dans les souvenirs de l’auteure, le mur de Berlin chute au moment où sa mère se fait interner de force à Saint Anne. Violaine devient ensuite narratrice de la vie de sa mère pour raconter son parcours chaotique d’un Paris populaire à la haute bourgeoisie où, même habillée en Saint Laurent, elle ne trouvera jamais sa place. La dernière partie du roman se consacre aux adieux bouleversants à la mère. Comment continuer à aimer une mère qui vous en a fait voir de toutes les couleurs ? L’auteure passe au luminol la vie et les souvenirs de ses parents sans prendre de gants. Elle multiplie les points de vue pour dévoiler la femme cachée derrière le personnage de sa mère. Malgré la violence des événements, Violaine Huisman arrive à prendre du recul pour nous offrir un roman puissant qui évoque la complexité de la maternité et l’inconditionnalité de l’amour filial. Véritable ode à la figure maternelle, ce portrait de femme happe la lectrice dès les premières pages. Le titre fait une subtile référence au personnage d’Albertine dans l’oeuvre de Proust. Excellent moment de lecture. Prix du roman « Marie-Claire » 2018.