Le troisième volume de la saga italienne « L’amie prodigieuse » n’est pas aussi passionnant que les deux livres précédents car il y est surtout question du contexte politique de l’Italie, au début des années 70, d’attentats terroristes et de lutte prolétarienne. Même si beaucoup de critiques saluent la capacité d’Elena Ferrante à mêler l’histoire d’un pays à l’histoire intime, il faut bien avouer que c’est principalement l’intimité des deux amies qui nous intéresse. Nous retrouvons, donc, Elena à la fin de ses brillantes études à Pise. La jeune femme publie son premier roman, inspiré de ses amours de jeunesse, et se prépare à épouser Pietro, un universitaire. De son côté, Lila, jeune maman séparée de Stefano et de Nino, travaille dans une usine de salaison où elle subit du harcèlement. Enzo décide de la prendre sous son aile avec son fils Gennaro. A trois, ils vivent dans un logement médiocre d’un quartier sale et violent de Naples. Elena et Lila se téléphonent sporadiquement mais elles ne se comprennent plus. Secrètement, Elena souhaite parfois la mort de Lila, incapable de surmonter « le vide de sa dérobade ». Même si le roman passionne moins, il n’est pas question d’ennui car rien n’est figé dans cette fiction, à l’image d’une amitié prodigieuse. Tout au long de la lecture, la lectrice s’interroge sur l’identité de celui ou celle qui se cache derrière le pseudonyme d’Elena Ferrante. L’auteure restitue parfaitement un panel d’émotions typiquement féminines liées à la maternité, à la soif de liberté et d’indépendance ou à la passion amoureuse. Elle écrit sans détour, sans concession et dans un langage cru et familier. La justesse des sentiments et des émotions, le style romanesque et l’incroyable diversité des personnages représentent les forces de ce roman addictif. Le mystère Ferrante continue de fasciner autant que sa saga. Bon moment de lecture.