Une femme qui porte la vie est particulièrement vulnérable face au monde. En décembre 2014, Laurence Tardieu attend son troisième enfant au moment où la maison de ses grands parents est mise en vente. C’est un bouleversement car cette maison représente, pour l’auteure, l’enfance, un refuge, un ancrage, son histoire. Le besoin d’écrire pousse Laurence Tardieu à débuter un récit pour rassembler ses souvenirs, ne pas tomber dans l’oubli, le silence. Quelques semaines plus tard, surviennent les attentats de Paris. Après ces jours d’effroi et confrontée à un terrible sentiment de dépossession, Laurence Tardieu décide d’entremêler ces drames intimes et collectifs pour construire ce roman lumineux et trouver un écho. Comme dans un journal intime, la romancière fait appel aux sens et aux émotions en nous dévoilant son monde intérieur. Elle nous parle de sa sidération face à l’innommable, sa culpabilité de porter la vie au moment où d’autres donnent la mort. « Reconnaître mon immense chagrin intime, celui de la perte de la maison de mon enfance, reconnaître mon immense chagrin du monde, celui de la perte de son unité, les deux chagrins venant se fondre en moi, absurdement peut-être, indécemment peut-être, comme une mer noire, étale, silencieuse, une mer sans ciel à l’horizon. » Bon moment de lecture.