Il était temps, pour moi, de lire ce roman, à succès, en version poche. Tahar Ben Jelloun nous parle, ici, du couple mais, en aucun cas, de bonheur. En effet, le thème principal de ce roman oriental est bien l’enfer conjugal où se retrouvent enfermés deux individus qui pensaient s’aimer pour la vie. A Casablanca, un grand artiste peintre se remémore sa rencontre, en 1986, avec celle qui deviendra sa femme, la mère de ses enfants. Cloué au lit après un accident vasculaire cérébral, l’artiste donne sa version des faits, persuadé que son mariage est à l’origine de sa déchéance. Le style métaphorique et le caractère Bergmanien de la fiction donnent un ton singulier à la lecture. La première partie: « l’homme qui aimait trop les femmes » est particulièrement aboutie. La seconde partie: « ma version des faits » se présente comme un droit de réponse de la femme. Cette idée originale plaît énormément mais c’est surtout la façon dont Tahar Ben Jelloun raconte qui passionne la lectrice. L’aveuglement de l’amour, l’infidélité, le mensonge, le secret, la frustration, l’origine sociale, la différence culturelle…font partie des nombreux thèmes traités avec intelligence. La lectrice découvre, à travers les chapitres, une très large palette d’émotions avec laquelle l’auteur jongle aisément. Peut être faut il être passé par l’étape du mariage pour apprécier ce roman moral qui questionne. Il en est de même pour l’auteur qui maîtrise, ici, parfaitement son sujet. Excellent moment de lecture.