Deborah Levy pose le décor de sa nouvelle fiction dans un paysage aride. La narratrice est une jeune femme britannique vulnérable, Sofia. Depuis l’enfance, elle cherche à interpréter les maux de sa mère. Fille unique de parents divorcés, Sofia est en manque de son père. Anthropologue de formation, la jeune femme met sa vie entre parenthèses pour conduire sa mère, Rose, dans une clinique d’Alméria afin de soigner une mystérieuse maladie. Le Docteur Gomez prend Rose en charge mais il semble impuissant. Est-il un charlatan ou un génie ? Véritable figure paternelle pour Sofia, le docteur va chercher à la libérer de sa mère, l’inciter à être audacieuse et intrépide. Sur la plage, Sofia fait la rencontre de Juan qui soigne sa piqure de méduse ; la brûlure du désir. Cette créature marine n’a pas été choisie au hasard, par Deborah Levy, car la méduse représente un puissant symbole du féminin, une figure mythologique. L’importance du corps, l’eau et le soleil sont au centre de ce roman de bord de mer où il fait de plus en plus chaud. Le personnage d’Ingrid Bauer incarne également le désir, la séduction et une forme de toxicité. A travers le regard intense de Sofia sur les choses de la vie, l’auteure britannique nous parle de la complexité de la relation mère fille. Mais au fil des chapitres, il est surtout question de l’hypocondrie d’une mère qui cherche à attirer l’attention. Le style et le ton de Deborah Levy sont singuliers. L’univers du roman balance entre une ambiance onirique et la réalité. Finalement, ce roman initiatique, et profond, interpelle la lectrice par l’universalité de ses thèmes. Bon moment de lecture.