Ce roman familial est une longue fresque historique. En excellent narrateur, Laurent Mauvignier retrace l’histoire de sa famille française, sur quatre générations. Dans sa quête, il cherche à comprendre pourquoi le visage de sa grand-mère paternelle, Marguerite, a été découpé sur les clichés. Il pense à la douleur de son père, un enfant dont la mère a été humiliée publiquement. En pénétrant dans la maison familiale, le narrateur cherche des réponses au suicide de son père. Par son intelligence et sa finesse, Laurent Mauvignier imagine, décortique le mécanisme du rejet et de la haine. A travers les pages de cet épais roman, renaissent les fantômes du passé, des membres de sa famille issus d’un monde rural révolu. Petit à petit, une histoire se dessine, faite de croyances et de désillusions. Au fil des chapitres, les deux guerres prédominent, n’en finissent pas d’accentuer la souffrance. La lectrice est particulièrement touchée par le destin de Marie-Ernestine et Marguerite, des femmes flouées, dominées par le patriarcat. Est-ce un hasard si l’ancêtre de l’auteur portait le nom de Proust ? Il faut souligner que le style de Laurent Mauvignier y ressemble étrangement. Destiné aux passionnés de littérature, ce récit se définit comme une réflexion transgénérationnelle. Excellent moment de lecture.