Il était temps d’écrire un roman d’apprentissage sur le thème de l’écologie. Gaspard Koenig, écrivain, philosophe et homme politique (mouvement « Simple »), l’a bien compris. Dans cette fiction implacable, il met en scène deux étudiants en agronomie : Kevin et Arthur. Enthousiaste à l’idée de sauver le monde, le premier étudiant lance une start-up de vermicompostage ; transformer des déchets grâce au travail des vers de terre. Afin de créer l’entreprise « Veritas », il s’associe à Philippine, une jeune femme très ambitieuse. D’ailleurs, l’image des femmes est peu gratifiante dans le roman : les personnages féminins apparaissent comme opportunistes, infidèles et caricaturaux. Ensemble, les deux associés vont finalement réussir à lever des fonds pour « Veritas ». De son côté, Arthur se met en tête de régénérer un champs familial épuisé par son grand-père et des années de culture intensive. Malheureusement, les deux amis néo-ruraux vont vite se heurter aux enjeux politiques, sociétaux et économiques. Gaspard Koening connaît son sujet sur le bout des doigts et glisse une part de suspense, de sexe, de trahison, d’argent et de violence entre les chapitres de son roman à rebondissements. La lectrice est particulièrement sensible au sujet de l’écologie et mord volontiers à l’hameçon en suivant chaque personnage. Pour les lecteurs moins avertis, c’est d’abord l’occasion de découvrir un écosystème : à quel point les lombrics sont essentiels à la terre. Comme le titre l’indique, la vie repose sur l’humus, la couche du sol issue de la dégradation de matières organiques sous l’action des vers de terre. Sans Humus, pas d’Homo (Sapiens). Gaspard Koenig signe, ici, une histoire d’amitié écrite sur un ton cynique et angoissant. Finalement déçus et désenchantés, les militants Kevin et Arthur basculent brutalement vers la radicalisation ; le terrorisme vert. Une fiction pessimiste, exigeante et irrémédiable. Comme l’avenir de la planète ? Prix Interallié, Prix Transfuge, Prix Jean-Giono 2023. Excellent moment de lecture.