Le Pavillon d’Or est une merveille architecturale du temple Rokuonji, à Kyoto. A partir d’un fait divers, Yukio Mishima romance la vraie histoire d’un bonze (Mizoguchi) qui mit le feu au Pavillon d’Or, en juillet 1950. Bègue au crâne rasé, Mizoguchi est également le narrateur du roman. Avant de plonger dans la fiction, la lectrice vous conseille de passer la longue préface qui oriente trop la lecture. Dès les premières pages, Mizoguchi revient sur son parcours personnel et son intérêt pour le Pavillon d’Or. En devenant bonze, il s’immerge dans la quiétude d’un monastère bouddhique zen, une vie communautaire qui n’échappe pourtant pas à l’hypocrisie, la haine et la trahison. A travers cette fiction, l’auteur montre à quel point, après Hiroshima et la guerre, la foi de la jeunesse est malmenée. Obsédé par la beauté d’une jeune fille décédée, Mizoguchi va mettre en place un mécanisme de déviation étroitement lié à l’énigme de la beauté et au fameux « Pavillon d’Or ». A travers son héros, l’auteur traite brillamment du thème intemporel de la beauté dans un style métaphorique singulier. Au fil de la lecture, les mots se transforment en images poétiques, idéales et typiques du pays du Soleil levant. Pourquoi Mizoguchi va t-il brûler le temple ? Pareil à un koan japonais, chacun interprètera ce récit à sa façon. Bon moment de lecture.