Ce roman publié en 2012 est un mélange d’oubli et de mémoire, là où Modiano excelle. Jean, le narrateur de cette quête, remanie son carnet noir, aux notes disparates, afin de reconstituer le passé et comprendre certains faits. A Paris, au cours des années soixante, il rencontre Dannie, une jeune femme aux multiples identités, qu’il va chercher à cerner. « Qu’est-ce que tu dirais si j’avais tué quelqu’un? » lui avait elle demandé; en vain. C’est donc bien plus tard, grâce au commissaire Langlais et son rapport d’enquête, que notre narrateur va pouvoir analyser cette zone d’ombre. Comme d’habitude, dans les romans de Modiano, la frontière entre le réel et l’onirique est floue tout comme la notion de temps: « ..le temps palpite, se dilate, puis redevient étale, et peu à peu vous donne cette sensation de vacance et d’infini que d’autres cherchent dans la drogue, mais que moi je trouvais tout simplement dans l’attente. » Modiano traverse Paris dans un brouillard nostalgique où il croise les fantômes du passé et nous offre une oeuvre cartographique. Bon moment de lecture.