Nous ne lisons pas tous pour les mêmes raisons: certains lecteurs cherchent à s’évader, à apprendre, à rêver, à comprendre… Le dernier roman d’Olivier Adam nous parle de la France d’aujourd’hui et de ses classes moyennes. Loin du glamour, l’auteur dresse le portrait d’une vingtaine de personnages à travers lesquels il dépeint une société française à la dérive. Le point de départ de ce roman choral est la mystérieuse agression d’Antoine dans une station balnéaire du Var, hors saison. Père du petit Nino qu’il voit peu, Antoine vit dans une caravane sur la plage. Le foot est son seul point d’horizon comme pour beaucoup de ses camarades. Un matin, quelqu’un dépose Antoine, inanimé, devant l’hôpital. L’enquête menée par Grindel, un flic désabusé, sera le fil rouge de cette longue fiction. Révélateur du contraste social, le décor a, ici, toute son importance. Les touristes sont partis, les volets des belles villas sont fermés, la ville est déserte, mélancolique. Seuls restent les habitants livrés à leur triste sort. A sa manière, l’auteur relie l’intime au collectif à travers une communauté: des trentenaires paumés, des infirmières, des femmes de ménages, un flic, des voyous, un patron véreux, un couple de bourgeois…En toile de fond, la mer se déchaîne puis se calme, métaphore de la vie. Tout au long de la lecture, le titre s’impose: c’est peine perdue. La lectrice se prend à vouloir faire tourner la roue qui illustre la couverture. Le style d’Olivier Adam est corrosif, pessimiste, teinté de noirceur. Le constat est terriblement morose. Dans la désolation, les personnages subissent leur vie; un destin parfois tragique qui ne laisse entrevoir que peu d’espoir. Beaucoup de caricatures et de clichés dans ce roman social. Bon moment de lecture.